SNG l'original

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Exposition Handicap Mental sur les grilles du square Debrousse

Depuis le début du mois d’avril 2025, ont été installés des grands portraits en noir et blanc sur les grilles du square Debrousse dans le 20e arrondissement.

Dès que j’ai vu ces visages, et chaque fois que je passe devant, je sens mon poil se hérisser et me dire qu’il y a sûrement un lien avec le mois de la santé mentale. Mais nulle part, ne figurent une légende, une signature, une explication de cette exposition en plein air.

La mairie du 20e arrondissement vient enfin d’annoncer dans sa newsletter (le 10 avril 2025) l’origine de cette exposition et ses motivations.

Depuis leur installation publique, ces portraits me paraissent témoigner d'une représentation autostigmatisante, psychophobe, grossière, dégradante et de très mauvais goût à propos des questions de handicap et de troubles psychiques. Bref, je n’en peux plus de passer devant cette exposition qui - en plus de ne pas être contextualisée in situ - me semble produire l’effet inverse de ce qu’elle voudrait mettre en évidence.

La majorité des troubles psychiques relève du champ du handicap dit invisible, alors en quoi cette mise en scène de petit jeu d'énigme « Qui est qui ? », ou plutôt « Qui est quoi ? » n'est pas une invitation aux passants à juger qui est concerné et qui ne l'est pas, via un exercice malsain de reconnaissance faciale ?

Est-ce que, à un moment donné, on ne fait pas davantage de la sensibilisation et de l'éducation auprès des personnes concernées – et des professionnels – pour éviter ce genre de participation à la stigmatisation sociétale et aux idées reçues sur le handicap et les troubles de santé mentale ?

Alors, selon vous, ces énormes portraits anonymes et oppressants - de la mise en scène de la crispation à la déformation, jusqu'à la monstruosité des expressions du visage - donnent-ils l'idée que toutes les personnes exposées sont « saines », ou qu'elles sont toutes handicapées et porteuses de troubles psychiatriques ?

Le terrain de la grimace n'est nullement un terrain neutre, équitable ou horizontal.

Est-ce qu'on évoque aussi ici certaines pathologies et/ou spécificités neurologiques qui ont des répercussions sur les expressions du visage (grimaces involontaires, trouble anxieux, stéréotypies faciales, communication non verbale, tics) sans parler des handicaps physiques et moteurs,de la cécité ou des AVC, qui peuvent donner lieu à des déformations, spécificités et/ou paralysies faciales.

Enfin, symboliquement, l'affichage sur grilles dans la cité n'est pas sans sans inspirer les barreaux du champ carcéral, et comment, en France et dans les médias, les troubles psychiques sont immédiatement relégués à des affaires criminelles et des faits divers. 

[publication relayée sur facebook]

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