SNG l'original

SNG l'original

Trombe

RECORD ABSOLU DE PLUIE A PARIS

10/07/2017 

Dimanche 9 juillet, à la station météorologique de Paris-Montsouris, il est tombé 49,2 mm* de pluie en 1 heure (entre 21 heures et 22 heures). Cette valeur constitue le record absolu tous mois confondus du cumul horaire à Paris qui remontait au 2 juillet 1995 avec 47,4 mm.
 
 

PLUIE BATTANTE
9 juillet 2017
22h, métro

Le temps est aux vols de parapluies

J'ai attendu dans le hall de l'immeuble, le temps qui s'étale, la pluie coule sans trêve. « Les stations Cité et Saint Michel ne seront pas desservies suite à des inondations. »

J'ai fini par m'expulser de chez moi, le parapluie branlant, la parka aérée, sans mon tuba coutumier. Mes chaussures blanches et molles s'affaissant en éponges. Les yeux écarquillés, j'ai tracé dans la mare, en chantant Noé. Moi pas trempée mais transie à coup d'ondées dégringolant dans la nuque, mon sac bis au dos humide, mouillé « Merde, le computer ».
Dans le métro, je suis presque nue, choquée, les lumière violentes, les flaques partout. Les gens à demi-paralysés, aux trois quart trempés. Je pose par terre le parapluie défait qui roule avec d'autres en ricochets nerveux. Je transvase mes sacs tentant de sauver de l'eau mes effets les plus délicats. Je devrais déjà être dans ma chambre, au 5e, dans le 13e.

Portes manuelles: une famille entière de lutins à cape jaune phosphorescent, parlant un dialecte suspect.

Le métro saute la moitié des stations. Inondées. Les autres ont les cheveux agglutinés sur le visage, les yeux égarés dans le vide, la bouche ouverte. Les genoux nus et froids, les chaussures encombrantes, encombrées, imbibées d'orage prolongé. J'ai soif mais bouge à peine, collée à mes vêtements, mes sacs, au siège, abrutie par le temps, la fatigue et la colère des cieux. Les roux deviennent bruns, les blonds des châtains. Les parures se font moulantes et translucides. Tout le monde pleure, sue, dégouline d'émotion ou d'humidité.

Montparnasse, tout le monde descend. Chanceux, le train en gare n'exige pas de ressortir. De nouveaux arrivants, ma foi assez secs, je me demande quel est leur secret. Pas de parapluie, pas de tissus assombris. Bientôt le transfert pour moi, la descente à Denfert, l'exil à Saint-Jacques

    -Où en sera la pluie, les éclairs qui illuminent mon organisme hypra-conducteur (sans permis) ?-

J'arrive en état de heurt devant la clinique où cinq-six infirmiers sont là. J'ai une heure de retard et porte des sacs surchargés de pluie. Choquée d'avoir dû marcher à cause des travaux RATP, la nuit sous la tempête. Visiblement, on attend autre chose que moi, Claire appelle l'ascenseur sans rien me dire et je monte seule. Que fait-elle ici à 23h ? En haut, personne, la télévision allumée, Sylvie ne s'enquiert pas non plus de savoir où je suis.
En dehors de la pluie, les pieds confits, le ventre Belphégor. Traumatisée sans tube à qui l'insuffler, demande cellule de crise (humide).


10 juillet 2017
8h28, en 507

Des rêves variés, mouvementés, je me rends compte que c'est l'eau qui m'éveille. La pluie a repris de plus belle, tombe toujours depuis hier. On vient me chercher pour peser mon corps que je peine à soulever, courbaturée de toute part et trempée d'une sueur froide angoissante, et crispée. Les yeux brûlant à la mesure des bouts de pieds, les épaules coincées en no man'sland. Cette nuit, j'ai manqué perdre un bras où plus rien ne circulait, selon une disposition bien particulière. Je n'ai pas faim, j'ai mal encore, et à peu près partout. 

Cette pluie comme un viol
me renvoie à l'onde d'Hiers en Brouage
par un temps de chien analogue
et où je faillis y laisser ma peau

Archives : « De fortes pluies se sont abattues brièvement sur la capitale entre 21h et 23h environ. »
C'est l'endroit même où je devais rentrer en cellule.
En me brossant les dents ce matin, j'ouvre le robinet par à-coups, ne supporte plus cette eau qui se déverse sans limite.

Ne serait-ce que cette pluie que j'ai pris en plein fouet ?

Voilà des semaines que je me lave à l'eau essentiellement, ma peau ne tolère plus aucun agent nettoyant.