Le
6 juillet 2017, dans l' après-midi caniculaire, une jeune femme
suspendue descend à la station République du métro et s'engage
dans ses couloirs imbibés d'une population qui part en vacances,
clôture sa journée de travail, erre et quête, va rejoindre son
cercle de proches... Les individus tracent, sacs et valises à
roulettes, économisent et maîtrisent le moindre faux mouvement,
évitant ainsi de fondre ou de tremper leur chemise. Le brouhaha des
pas, toux, chants et rames de métro, la sonnerie des portes qui ne
se ferment pas.
L'étroit
couloir, la jeune femme roule à droite, la jupe vaporeuse vert
d'eau, le tube flottant dans l' étourdissant embrun. À l'horizon
impalpable, une voix mélodieuse et chantante. Un enfant. Comme un
déclic intérieur, la demoiselle en marche entrouvre son sac lourd
de déménagement, cherche à tâtons la dernière brique médicale.
Une fois en main, le regard se hisse et cherche l'auteur des
vocalises. Un jeune garçon adossé au mur gris sale s'évertue aux
côtés de la mère à droite.
La
jeune femme passe comme un oiseau migrateur, le pacte s'effectue à
l'aveugle, tels deux trafiquants entendus, élevés au don. Le
transfert de main en main, l'enfant intercepte la boîte qui périmera
demain, sans que nul ne s'aperçoive du tour de passe-passe. La
fluidité complice entre deux attentifs, la femme délivre la denrée
à l’enfant qui pépie, dans la toundra underground du métro
parisien.