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Le fruit d'un dérapage
L'histoire commence par le désir d
'écrire à la main, de recopier une pensée, une réflexion sur un
carnet. J’envisage donc de rédiger manuscrit cette pensée avant
de me remettre à travailler mon dossier universitaire.
Je m'en vais
fouiller en les tiroirs de ma case, tirer quelques cartouches
pantonisées. En dégote au nombre de 3. Que je passe sous le rai de
soleil qui filtre pour en définir la nuance. Trouble. Dans le doute,
je pioche l'une d'elle pour armer ma plume et me mets à l'encre.
Merde, ce n'est pas la couleur espérée. Panique, je trouve alors la
bonne cartouche, qui a ironiquement roulé à l'angle de la tablette.
Je décide spontanément de vider cette cartouche embrigadée en une
petite séance de peinture improvisée.
Vais chercher un carnet et
des encres tant qu'à faire, et de la poudre de permanganate en
reste, et des craies de trottoir fluo. Je me lance donc dans une
cuisine plastique qui me capte et me détourne de mon programme
initial. Ma maladresse et brusquerie habituelles me font renverser la
boite d'encre blanche sur la tablette et pas que.
Le sol, la page et
quelques objets divers devenus blancs, je commence à m'enliser dans
ce que sont mes expériences frénétiques, nettoie tant bien que
mal, tout en poursuivant ma tache, qui est justement de faire des
taches. Pour à l'origine vider une cartouche de stylo plume percée
par erreur, laquelle n'a toujours pas intégré la toile. Je vide la
cartouche épars, recharge la plume, lave mon linge à la lessive, le
fait sécher, nettoie l'ensemble de la chambre en nage et en slip,
priant pour que personne ne pénètre dans ma cellule à ce moment
précis.
L’œuvre achevée, je cherche un recoin de séchage et
m'aperçois que le temps a passé, après avoir customisé mon
pansement de nuque et transformé le patch ECG en broche, je dois
partir en permission, sans avoir même survolé mon mémoire...
Ce mode de fonctionnement, mix
d'errance, d'intuition, d’aléatoire, de malchance et de transe
passagère, se réitère au quotidien, me détournant ainsi de toute
tache mesurée revendiquée sérieuse.
Mémoire(s) p.87
8h45:
N. (last day) entre: “vous écrivez au petit matin?”
Non,
la nuit en fait, avec mon stylo lumineux, of course…
tension:
8.6, 8.5
N.
m’explique en 3 que ma tension est trop basse pour être acceptée
et entrée dans l'ordinateur, il bugge quand on entre mes constantes…
De plus, il n’y a plus de bedelix, ni de lactibiane dans la
pharmacie, soit mon III spécifique n’est plus/pas pris en compte.
À
la fois en marge et dans l’invisibilité, je cultive mon statut…
Infos à transmettre à Y. quant à mon désir d’outsider
lifestyle.
cacit-bedelix
(pas de lactibiane)
Tension
à reprendre plus tard, pour pouvoir être validée par le fichier
informatique
9h:
Je
décide de franchir le pas de la porte de la chambre 507, pour
demander une bouteille d’eau. J’en profite pour aussi questionner
les errantes au sujet des petits déjeuners, ont-ils été délivrés?
Je me vois confrontée à une réponse qui confirme cet état
d’évaporation de ma personne. Le chariot a fait sa tournée, sans
même toquer à ma porte. Les machines ont peut-être acté une
sortie définitive me concernant, entre la sonde qui ne se recharge
plus comme pour me signifier “détache toi de moi”.